Partager l'article

« Mister Robot » chez les paras

Texte : Clémentine HOTTEKIET- -BEAUCOURT

Publié le : 13/03/2023.

La 14e compagnie de maintenance largage-parachutage entretient et répare l’ensemble du matériel parachutiste des armées. Entre automatisation et acuité humaine, la sécurité des bérets rouges est garantie. Une unité qui ne s’arrête jamais, soutenue par les militaires et civils qui y exercent.

Le capitaine Mathieu, depuis le premier étage, domine du regard l’atelier qui s’étend sous ses pieds. « Ce que vous voyez là, c’est l’unique unité capable des interventions les plus complexes sur le matériel parachutiste. » Créée en 2004 et devenue détachement du 3e régiment du Matériel en 2010, la cellule de maintenance automatisée des parachutes (CMAP) est un véritable écosystème.

Nettoyage, réparation, stockage… elle offre chaque année, une capacité de conditionnement de 80 000 voiles pour les parachutistes. Elle abrite la 14e et la 15e compagnie de maintenance largage-parachutage. Les réparateurs et plieurs de la CMAP manœuvrent dans un environnement robotisé. Après réception, les voilures sont suspendues à des mâts d’accrochage afin d’intégrer le circuit de nettoyage et de séchage automatique. Enfin, elles sont mises en bac par un système de décrochage automatique et réparties dans les différents ateliers de réparation de la 14 e compagnie, via les convoyeurs.

« L’automatisation n’exclut pas le contrôle »

« Chaque matériel de parachutage est suivi dans le système d’information, grâce à une carte d’identité, explique le capitaine Mathieu. Dans un avenir très proche des puces intégrées aux parachutes recenseront le nombre de sauts, le lieu, la température, l’altitude, la force des chocs à l’ouverture. Le nombre de réparations qu’ils ont subies est déjà suivie avec précision. » Ce système assure que seuls les parachutes viables sont conservés. Si le coût de réparation est trop élevé ou si la date limite d’utilisation est atteinte, un parachute automatique est par exemple recyclé et utilisé comme voile pour le largage de matériel. Ce système automatisé ne dispense pas de l’intervention humaine.

Les machines apportent le parachute directement aux postes de travail. Les opérateurs n’ont plus besoin de trier, de porter ni d’installer les voiles à réparer. La logistique est ainsi fluidifiée. Les réparateurs de la 14e et les plieurs de la 15e se disent « plus attentifs », malgré la lourde charge de travail. Cette économie d’énergie est gage de sûreté. « Toujours sûrs » est leur credo, comme le stipule le serment du plieur et du réparateur de parachute. Réparateurs, chefs d’équipe, chefs d’atelier, contrôleurs passent en revue les différentes réparations : on n’est jamais trop prudents. Le matériel neuf en provenance des industriels est lui-même inspecté par la 14e CMLP.

Une entité en marche constante

Pour chacun des réparateurs, l’enjeu est capital. « Il faut traiter le parachute comme si nous-mêmes allions sauter demain », explique Monique, chef d’atelier, dans la spécialité depuis 41 ans. Chaque personnel sait qu’« au bout de chaque suspente il y a un homme » et qu’il tient sa vie entre ses mains. De temps à autre, ces spécialistes partent en Opex et en mission de courte
durée. Envoyés partout dans le monde, ils réparent les parachutes et assurent la maintenance parachutiste dite ʺMatparaʺ.

Le cas échéant, le personnel civil de l’atelier sera toujours en mesure de prendre le relais. En l’absence de leurs collègues, les réparateurs et réparatrices assument la restauration et les raccommodages quels qu’ils soient, car chacun tourne sur les différents ateliers. L’activité ne s’arrête jamais : pendant la crise sanitaire, la 14e CMLP a été réquisitionnée pour coudre des masques. « Nous assurons la continuité du service et sommes flexibles face à toutes les demandes », souligne la chef d’atelier. Un atout face à la projection future, notamment avec l’exercice Orion 2023.

Le saviez-vous ?

De nouveaux parachutes SMTCOPS pour les chuteurs ont été réceptionnés en décembre et seront expédiés aux unités après vérification et montage. Le SMTCOPS possède presque les capacités d’un biplace, la finesse des voiles actuelles et peut aller plus loin que les 40 km en infiltration sous voile.

Histoire de la CMAP

Créée en 1945, au lendemain de la seconde guerre mondiale, la ʺmise en place par sautʺ se multiplie et prend une place croissante dans les opérations. Une unité est créée en 1946, devenue l’établissement de réserve générale du matériel aéronautique. En 2004, la maintenance aéronautique se sépare de la maintenance para-largage. Devenue la CMAP, elle intervient au profit de la 11e brigade parachutiste, des forces spéciales, et reçoit même en cas d’urgence du matériel des autres armées.

À lire aussi

Ce lien privilégié et officiel, permet à la Nation d’exprimer sa reconnaissance aux militaires engagés.

Tim vous explique

Le service national, instauré en 1798, a connu une succession d’évolutions jusqu'à sa suspension en 1996.

Histoire