Partager l'article

Operation Inherent Resolve

Lutter par le conseil sur Chammal

Texte : LTN Francesca

Publié le : 22/05/2023.

A Bagdad, les conseillers français du Joint Operations Command Advisor Team, œuvrent quotidiennement pour accompagner les forces de sécurité irakiennes vers une autonomie opérationnelle. Le but : faire face à la menace djihadiste.

Dans l'une des salles de réception de l'ancien palais du parti Baas, aujourd'hui reconverti en Joint Operations Command Iraq (JOC-I), centre irakien de planification et de conduite des opérations, les officiers irakiens et les officiers du Joint Operations Advisor Team (l’équipe conseillère des opérations conjointes) se font face. C’est dans ce lieu chargé d’histoire qu'ils dressent chaque mois le bilan de leurs opérations de lutte contre le groupe terroriste.

Implantée sur le site d’Union III à Bagdad dans la Green Zone, cette unité spécialisée dans le conseil aux forces irakiennes accueille une vingtaine de conseillers de douze nationalités différentes dont cinq français. Leur objectif est clair, permettre aux forces de sécurité irakiennes de devenir indépendantes dans leur combat contre Daech.

L’art du conseil et de l’accompagnement

« Il faut réussir à se mettre dans l’optique de ce que font les Irakiens et non leur imposer un modèle occidental. Se baser sur l’existant et essayer de l’améliorer grâce aux conseils prodigués » explique le colonel Frédéric, Team Leader du JOCAT. Chef de corps du 68e régiment d'artillerie d’Afrique, il a en Irak une triple mission. En tant que chef du JOCAT, il commande et coordonne l’action de tous les advisors. Il conseille par ailleurs le chef de la branche planification des opérations, le général Saad.

Enfin, il assure la liaison avec la partie commandement d’OIR, auprès du général Peters, chef du Military Advisor Group (MAG). « Le conseil se porte sur les états-majors et sur leur manière d’employer leurs unités, en structurant leur appréhension d’une campagne et la planification des opérations » ajoute-t-il.

Afin de permettre une coordination des moyens et la recherche de combinaisons d’effets dans l’ensemble des domaines opérationnels, ses conseillers sont repartis dans des cellules ayant des spécialités différentes. Le lieutenant-colonel Daniel est le deuxième conseiller français de l’unité.

Sa mission consiste à aider le partenaire irakien à réaliser des appréciations de situation et à apporter des conseils en matière d’organisation et de traitement de l’information en appui de missions de ciblages et de missions terrestres. « L’Irak a traversé de multiples épreuves ces 30 dernières années et des conflits de nature très différente. On comprend que l’organisation des opérations est appréhendée différemment en fonction de l’âge de l’interlocuteur et de son expérience militaire ».

Analyses avant et après opération

Aujourd’hui, il tente de redonner à l’analyse de l’information d’origine humaine une place prépondérante dans la conduite des missions de contre-insurrection contre Daech. Cela nécessite d’aider les Irakiens à créer une courroie de transmission entre les données qu’ils arrivent à recueillir et celles utiles opérationnellement dans le cadre de ciblage dynamique.

Seul aviateur de l’équipe française, le lieutenant-colonel Bernard assume les fonctions de Senior Air Advisor. Il conseille l’Air Cell du JOC-I sur la conception des opérations aériennes, les moyens aériens et la façon de les employer. Cette cellule rassemble des éléments de l’armée de l’Air et de l’Espace, de l’aviation légère de l’armée de Terre et du commandement de défense aérienne irakienne.

Le conseil va prendre la forme de planifications complètes ou de conseils oraux avec une analyse avant opérations et à l’issue. Du point de vue des opérations terrestres, le lieutenant-colonel Rémy, chef de la cellule Fires est en charge de conseiller les autorités militaires du JOC-I sur l’emploi des appuis feux et essentiellement de l’artillerie. L’intégration de cet officier au sein du centre irakien de planification des opérations est récente est découle d’une proposition du lieutenant-colonel ayant œuvré avec succès pour la recherche d’une meilleure coordination des moyens aériens et terrestres.

Le saviez-vous ?

Depuis deux ans en Irak, le nombre d’attaques de Daech est divisé par deux chaque année. Le nombre de pertes dans l’armée irakienne et le nombre de civils victimes d’attaques ont également été divisés de moitié entre l’année dernière et cette année.

L’expertise opérationnelle française

Toujours dans le domaine des opérations terrestres et de leur planification, le commandant Rémi rempli les fonctions de Junior Adivsor Operations. Son action englobe des sujets tels que le combat en milieu désertique, le processus de réflexion tactique et les considérations de niveau bataillon en matière de combat de nuit et de soutien. « Dans la partie opération, le but est de leur permettre d’apprendre à varier leurs modes d’action et de les faire progresser dans leur manière de planifier, construire, suivre et analyser les opérations et à en tirer des leçons pour progresser vers 100% d’autonomie » confie-t-il.  

Enfin, un officier français est également inséré au sein du JOCAT North à Erbil, organisme en charge du conseil aux forces irakiennes présentent dans la région. « La mission consiste à conseiller le directeur des opérations du ministère pour l'aider à améliorer l'efficacité des unités et leur préparation opérationnelle » explique le chef de bataillon Thibaut. La création d'une structure divisionnaire pour améliorer la chaine de commandement et les plans de réalisation du centre des opérations au cœur de la base aérienne d'Erbil font partie des chantiers dont il aura eu la charge.

À lire aussi

Ce lien privilégié et officiel, permet à la Nation d’exprimer sa reconnaissance aux militaires engagés.

Tim vous explique

Le service national, instauré en 1798, a connu une succession d’évolutions jusqu'à sa suspension en 1996.

Histoire