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Les coulisses des inspections

Texte : CNE Justine de RIBET

Publié le : 05/06/2024. | pictogramme timer Temps de lecture : 5 minutes

Chaque année, les inspecteurs de l’armée de Terre effectuent plus de 80 visites dans les formations, services et unités. Leur rôle ? écouter, conseiller et contrôler afin de dresser un portrait précis du régiment, au profit du chef d’état-major de l’armée de Terre. Début 2024, c’est au 2e régiment étranger de parachutistes d’ouvrir le bal des inspections.

À Paris, dans un bâtiment du ministère des Armées, une rangée de vitrines contient des coupelles et des insignes d’unités, toutes armes confondues. Ce trésor témoigne des nombreux passages de l’Inspection de l’armée de Terre (IAT) dans les différents régiments et services. À quelques pas de ce musée, dans une salle de réunion, des experts discutent. 

Dans quelques jours, ils rendront visite au 2e régiment étranger de parachutistes (2e REP) à Calvi (Corse). Contrôler, conseiller, écouter et partager les bonnes pratiques sont autant de missions confiées à l’IAT. L’objectif principal est de fournir au chef d’état-major de l’armée de Terre (Cemat), une vision précise de ses unités.

« Plusieurs domaines sont étudiés : le moral, les ressources humaines, la condition du personnel, l’infrastructure, la capacité opérationnelle de l’unité à être engagée en opérations extérieures. À cela, s’ajoutent les priorités du Cemat : la réalisation des effectifs, l’emploi et l’intégration de la réserve opérationnelle, les pertes et casses d’équipements et l’emploi des drones, explique le colonel Christophe, expert infanterie. Une inspection c’est pratiquement un an de travail. Elle commence 90 jours avant la visite et se termine 6 mois plus tard. »

Dès les premiers jours, le régiment fournit les documents demandés. L’équipe de l’IAT commence son analyse et ses échanges avec le régiment. L’unité est passée au peigne fin. Cette phase préparatoire permet de soulever les premières interrogations. Elle se termine par un briefing. « Celui-ci permet d’identifier les sujets à approfondir sur place, afin de se forger une image détaillée du régiment avant notre déplacement », souligne le colonel Christophe.

« Dans l’intimité des unités »

Les montagnes enneigées surplombent la place d’armes du camp Raffalli du 2e REP. Les premières lueurs du jour apparaissent. 7 h 45, les deux clairons sonnent, la cérémonie des couleurs en présence des dix experts commence. Les mots du général de corps d’armée Frédéric Gout, général inspecteur de l’IAT, résonnent sur la place d’armes. « Nous souhaitons de la transparence et de la franchise ».

Pendant 4 demi-journées, le rythme est dense. Chaque membre de l’équipe a son programme : entretiens, tables rondes, visites d’infrastructure, présentation de matériels. Du légionnaire parachutiste jusqu’au chef de corps, tous ont un temps de parole. Parfois, les premiers échanges sont timides. « Si nous pouvons débloquer des problématiques, nous le ferons », encourage le général Gout.

Pendant ce temps, le colonel François inspecte la 6e compagnie : celle de la réserve. « Je m’assure qu’elle soit bien intégrée dans le régiment. Je viens voir les bâtiments, je prends le temps d’échanger avec les réservistes et d’écouter les problématiques, explique-t-il. Nous sommes dans l’intimité des unités. »

De l’autre côté du camp, dans le village de combat, des tirs retentissent. Une section effectue une démonstration. L’expert infanterie, le colonel Christophe, assiste à la scène : « En plus de posséder de belles infrastructures pour l’entraînement, ils ont des moyens annexes extraordinaires pour approfondir l’aspect secourisme avec ce mannequin plus vrai que nature. Il ajoute : Mon rôle est aussi de leur donner des pistes d’amélioration. »

L’IAT transmet ses recommandations

À la fin de la journée, les experts se retrouvent en salle d’honneur du 2e REP pour mettre en commun leurs impressions et apporter une vision claire au général inspecteur. Le lendemain, ce dernier livrera une appréciation à chaud au chef de corps en privé ainsi qu’au régiment lors d’une allocution.

De retour à Paris, le général Gout fait un compte rendu immédiat au Cemat, dans lequel il y trouvera une appréciation globale de la visite et si besoin, une mesure urgente à prendre. Par la suite, il recevra une fiche détaillée dans laquelle figure l’impression générale, les points forts et les axes d’amélioration. 10 jours plus tard, l’équipe évalue l’atteinte des priorités fixées par le Cemat avant de l’adresser, par courrier, au chef de corps du 2e REP et à sa brigade d’appartenance.

Dans les 20 jours qui suivent l’inspection, l’IAT transmet ses recommandations au régiment. « L’unité a 6 mois pour les mettre en œuvre. Elle devra rendre compte de l’état de réalisation des différentes recommandations. Et si besoin, nous sommes toujours là pour conseiller », conclut le colonel Christophe.

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