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Le nouveau bariolage multi-environnements : se fondre dans le paysage

Texte : CNE Anne-Claire PÉRÉDO

Publié le : 15/06/2022 - Mis à jour le : 10/10/2022.

En 2024, les forces des trois armées seront équipées d’un nouveau camouflage : le bariolage multi-environnements. Sa conception a demandé un long travail de réflexion et de développement. Entre critères opérationnels et esthétiques, la future tenue de combat témoigne de la modernisation de l’armée de Terre.

1 250. C’est le nombre d’heures consacrées au dessin des motifs du bariolage imprimé sur les treillis F3 qui seront livrés en 2024. Il remplacera les deux bariolages, centre-Europe et désert, équipant aujourd’hui les forces. Ce nouveau bariolage s’adapte à tous les environnements : zone herbeuse, urbaine, désertique ou encore montagneuse… Une prouesse technique qui permettra aux soldats d’être engagés sur le territoire national et en opération avec la même tenue et ce quel que soit le milieu ; le nouveau bariolage multi-environnements (BME) mérite bien son nom.

« Une plus-value opérationnelle indéniable qui s’accompagnera d’une simplification logistique car les soldats pourront rentrer d’Opex et utiliser leurs treillis en France », stipule le chef de projet, le lieutenant-colonel Gabriel de la Section technique de l’armée de Terre (STAT) mandatée pour cette réalisation. Ce changement en matière d’équipement, initié en 2016 et acté en 2019, s’imposait comme une nécessité. Si les camouflages en vigueur avaient pour but de marquer la professionnalisation des armées, le BME est le symbole d’une nouvelle transformation capacitaire de l’armée de Terre. Dans les années 2000 plusieurs projets avaient été proposés dans le cadre du programme Felin mais aucun n’avait été retenu. 6 ans, c’est le temps nécessaire pour développer le nouveau bariolage multi-environnement qui équipera à terme les trois armées.

« French touch »

Exprimant la modernisation de l’armée, le BME accompagne l’évolution du bariolage des matériels et des véhicules. L’un ne pouvait se faire sans l’autre. Le lieutenant Tony, spécialiste du camouflage, indique : « Concevoir un bariolage implique de définir d’abord les formes et les couleurs ». Inspiré par les uniformes multi-environnements notamment américains et anglais, le BME possède une identité spécifique.

 

Une ʺfrench touchʺ manifestée par l’utilisation du ʺbrun terre de Franceʺ, une couleur créée par Tony et le recours à des figuratifs triangulaires qui rappellent le bariolage des engins du programme Scorpion ou l’effet pixélisé du contour des taches. Le BME compte six couleurs contre quatre actuellement. Se fondant dans tous les milieux, leur sélection résulte d’une étude des carnations dans diverses parties du monde. Les dessins quant à eux, sont constitués d’un enchevêtrement de formes brisées de grande taille atténuées par un effet de dégradé. « Ce processus permet de se cacher mais aussi de tromper la vue de l’ennemi », explique le lieutenant-colonel.

« Être fier »

De sa réflexion, la STAT a produit trois types de BME. Des tests ont été organisés pour évaluer la performance de chacun d’eux en 2020. Ces trois modèles ont été inclus dans un panel de douze bariolages. Tous ont été comparés dans différents milieux et à des distances d’engagement habituelles à celles rencontrées par les militaires sur les théâtres : le but est d’identifier le temps de détection sur courte, moyenne et longue distance.

Celui ayant obtenu les meilleurs résultats est l’un des trois prototypes élaborés par la section. Il offre 25 % de gain opérationnel par rapport aux camouflages centre-Europe et désert. L’esthétique a aussi été prise en compte dans ce classement. « C’est important d’être fier du treillis que l’on porte », souligne le lieutenant-colonel Gabriel. Prochaine étape pour le Service du commissariat des armées : l’impression et la production à grande échelle du BME.

Le saviez-vous ?

“La veste Léopard”, première veste de camouflage. En 1870, la question de l’invisibilité devint une préoccupation majeure mais plusieurs études furent stoppées par le premier conflit mondial. Le peintre lorrain, Louis Guingot, créa la première veste de camouflage baptisée “Léopard” pour rendre moins visible les soldats sur le front en harmonisant les couleurs de leur tenue à celle de l’environnement. La synthèse des formes et des couleurs devait donner l’illusion d’un arbre aux branches déployées. Pour le choix des motifs, l’artiste étudia le mimétisme de son caméléon. De ce projet sont nées les premières toiles de camouflage utilisées pour les équipements.

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