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Le Caesar s'illustre en Estonie

Texte : ADJ Anthony THOMAS-TROPHIME

Publié le : 13/09/2023. | pictogramme timer Temps de lecture : 8 minutes

Le 3e régiment d’artillerie de Marine a participé à la dernière phase de l’exercice Spring Storm. Avec les artilleurs estoniens, britanniques et américains, ils ont réalisé des tirs réels, sur le camp de Tapa en Estonie, du 24 au 26 mai. Une première pour les canons français Caesar qui renforcent le flanc Est.

«Section à vos postes ! » Les ordres fusent à la radio. Dans une clairière entre deux forêts de pins, l’équipage du Caesar s’active. En moins d’une minute le canon est pointé sur ses coordonnées, chargé et prêt au tir. Genou à terre, les “servants” de la pièce sont suspendus aux ordres de leur chef. Feu !Dans un panache de flammes et de fumée, l’obus de 155 mm est projeté dans les airs à plus de 490 mètres par seconde.

Dix kilomètres plus loin, le projectile de 45 kg percute le sol puis explose. Le sol estonien tremble sous les feux de l’artillerie française. Du 24 au 26 mai, une campagne de tirs réels a rassemblé des canons estoniens, britanniques et américains. Cet entraînement constitue la troisième phase de l’exercice Spring Storm. Pour cette dernière, quatre Caesar et une soixantaine de militaires du 3e régiment d’artillerie de Marine (3e RAMa), ont rejoint le pays balte, le 15 avril.

Trois ont été acheminés par voie ferrée et le dernier à bord d’un A 400 M, soit 3 000 km parcourus en trois heures. « La France a démontré sa capacité à projeter un matériel majeur sur court préavis et renforcer les forces présentes
sur le flanc Est »
, atteste le capitaine Jean, officier d’artillerie chargé de l’acheminement et de l’utilisation en sécurité de la batterie.

Une réputation qui n’est plus à faire

Sur les positions de tir, au camp de Soodla, le poids et la répétition des coups affaissent les canons dans la terre. Pelles et pioches à la main, les artilleurs dégagent les roues des véhicules afin d’obtenir des conditions de tirs
optimales. « À Canjuers, le sol est dur et rocailleux. Ici, il faut s’adapter à un autre type de terrain où la surface est humide et jonchée de marécages », explique la sergent Océane, chef de pièce.

Dès son arrivée sur le théâtre, le détachement a enchaîné des phases de conduite et de mise en oeuvre du matériel. En parallèle, des simulations ont été menées pour parfaire les procédures dans la chaîne de commandement des tirs entre les unités alliées. « L’interopérabilité est un objectif majeur de Spring Storm. Il faut connaître nos partenaires et savoir travailler ensemble le jour où l’Estonie aura besoin de notre soutien », ajoute le capitaine Jean.

Afghanistan, Irak, Sahel… en service depuis 2004, les Caesar ont tiré plus de 100 000 obus en opérations extérieures et en missions. Aujourd’hui, il est utilisé par les soldats ukrainiens en guerre contre la Russie. La réputation des canons made in France n’est plus à faire et suscite de l’intérêt. Casque lourd sur la tête, le président estonien a fait le déplacement pour le voir à l’oeuvre. Il a embarqué dans le véhicule du sergent Océane pour assister à une phase de tir.

Une concentration d’obus

Au Center Training Area de Tapa, les obus provenant des K-9 Thunder estoniens, des AS 90 britanniques et des Caesar convergent tous dans un réceptacle de 100 mètres sur 300. Perchés au sommet d’une tour métallique, les
observateurs, équipés de jumelles, de cartes et de tablettes numériques, sont aux premières loges. Ils coordonnent et dirigent les tirs sous la supervision des militaires estoniens du Fire support coordination cell, un centre appui-feu de niveau brigade.

En contrebas, le 12 bataillon estonien effectue des tirs de tous calibres depuis les tranchées. Les hélicoptères Apache américains et les chars de combat Challenger britanniques complètent le tableau. L’ordre d’un tir HSO (heure sur objectif) tombe du côté français et anglais. « C’est un objectif à détruire à un temps donné. Cela nous laisse du temps pour nous coordonner », explique le sergent-chef Cédric, chef d’équipe d’observation avancé.

Quelques minutes plus tard, une déferlante d’acier s’abat sur le réceptacle. « Tous les coups sont en place », se réjouit Cédric. Au total, plus d’une centaine d’obus ont été tirés par les bigors (surnom donné aux artilleurs des troupes de marine) du 3e RAMa. La Lituanie a commandé 18 canons Caesar qui seront livrés en 2027. D’ici là, les Lituaniens pourront se familiariser avec le système d’armes, lors des campagnes de tirs avec leurs partenaires français.

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