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La tournée en régions du Cemat

Texte : ADC Anthony THOMAS-TROPHIME

Publié le : 22/01/2024 - Mis à jour le : 29/01/2024. | pictogramme timer Temps de lecture : 5 minutes

Le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général d’armée Pierre Schill, s’est rendu à Marseille, le 17 octobre. Lors de la première étape de sa tournée en régions, il est allé à la rencontre des chefs et commandeurs du quart Sud-Est, avant de poursuivre son tour de France. Une campagne menée tambour battant, au contact des unités, pour expliquer la transformation de l’armée de Terre.

Derrière le palais du Pharo, proche du vieux port de Marseille, le chef d’état-major de l’armée de Terre s’entretient avec les soldats de l’opération Sentinelle, mobilisés pour anticiper les répercussions possibles en France, de l’actualité internationale. Après une trentaine de minutes, il rejoint l’amphithéâtre d’Aix Marseille Université.

Ce 17 octobre, soit quelques jours après le Grat, le Cemat entame sa tournée en régions. Il veut porter sa vision stratégique d’une armée de Terre de combat au plus près des chefs de contact afin qu’ils se l’approprient et s’en fassent les relais. « Nous sommes attendus. Les enjeux et les conflits sont porteurs de risques très importants. Nous devons protéger notre pays et nos concitoyens. Ce ne sont pas que des mots, c’est une réalité. »

Face à son auditoire, composé des chefs de corps et généraux du quart Sud-Est mais aussi des représentants des directions et services interarmées qui soutiennent les unités Terre de la région, le général expose le contexte et la complexité de l’ère stratégique que connaît la France aujourd’hui.

Son introduction revient sur la nécessité de transformer l’armée de Terre. Il en va de sa capacité à remplir sa mission en agissant de manière permanente et simultanée dans trois espaces : protection et résilience en métropole et Outre-mer, solidarité stratégique en Europe et au Moyen Orient, prévention et influence en Afrique, au Moyen Orient, dans l’océan Indien et jusque dans le Pacifique.

Si la configuration du Grat permet difficilement les échanges, ici, le dialogue est privilégié, pour mieux percevoir les problématiques locales et emmener tout le monde dans la même direction.

« Compte tenu de l’enjeu de la transformation de l’armée de Terre, avec sa modernisation, l’adaptation de son organisation pour gagner en réactivité et l’ajustement de son fonctionnement en profondeur, il m’a paru important de faire un pas de plus, pour embarquer dans ce projet au-delà de l’armée de Terre. »

« L’intention de subsidiarité »

Groupements de soutien des bases de Défense, Service de santé des armées, service infrastructure de la Défense, service du commissariat des armées… Durant la matinée, le Cemat a échangé avec les différents chefs de services et d’organismes interarmées qui soutiennent les unités Terre de la région. Divers points ont été abordés, comme leur implication dans l’autonomisation des brigades.

Celle-ci est indispensable pour accroître leur réactivité dans le cas d’une opération d’envergure. À terme, les brigades interarmes devront se déployer avec un maximum de ressources organiques.

Le calendrier est fixé, avec des objectifs s’échelonnant jusqu’en 2030 : d’abord la capacité à déployer une brigade interarmes Scorpion en 10 jours cette année, puis une deuxième brigade en 30 jours dès 2025, une division en ordre de combat (19 000 hommes et 7 000 véhicules) sous 30 jours en 2027 et enfin la capacité à relever cette division à compter de 2030.

Les brigades, responsabilisées par la concentration des prérogatives de commandement sur leurs états-majors, joueront pleinement leur rôle d’échelon intermédiaire entre les régiments et le niveau central. « En leur donnant cette autonomie, nous mettons en œuvre l’idée de commandement par l’intention, de la subsidiarité, toujours sous contrôle du niveau supérieur. »

« Produire des effets »

Après avoir expliqué le sens de cette transformation, le Cemat rappelle l’impératif pour l’armée de Terre de produire des effets, puis laisse la parole à ses interlocuteurs. Les échanges sont constructifs. Certaines questions et des propositions d'ajustements sur la mise en œuvre seront étudiées à l’EMAT.

En deuxième partie de journée, le Cemat s’adresse principalement à ses généraux et ses chefs de corps. Au-delà de préciser le nouveau périmètre de responsabilités des brigades et de leurs régiments, il aborde l’importance de leur implication dans la refonte du modèle et du système de la réserve. En effet, l’armée de Terre compte aujourd’hui 24 000 réservistes et augmentera ses effectifs à 48 000 d’ici à 2030. « Les chantiers sont ouverts, maintenant nous devons les conduire et produire des effets », insiste le général Schill.

Là encore, cette séquence en effectifs réduits permet des interactions très fructueuses. La transformation est bel et bien en marche. L’armée de Terre est à pied d'œuvre, avec la création de la brigade du génie et de la 19e brigade d’artillerie, ainsi que de grands commandements tels que le Commandement de l’appui et de la logistique du théâtre, le Commandement des actions spéciales Terre et le Commandement des actions dans la profondeur et du renseignement.

Cette nouvelle organisation du commandement, la modernisation des équipements et un fonctionnement plus fluide au quotidien ont un unique objectif : être prêts aux engagements d’aujourd’hui et de demain. « Le 16 octobre dernier, le Commandement Terre pour l’Europe a été créé à Lille, rappelle le Cemat. Cela démontre bien que ça bouge chez nous. »

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