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La simulation : du virtuel au réel

Texte : LTN Stéphanie RIGOT

Publié le : 19/05/2022 - Mis à jour le : 02/10/2022.

Plus-value pédagogique dans la préparation opérationnelle des forces terrestres, la simulation est un outil multi-dimensions décisif. Qu’elle soit constructive, virtuelle ou instrumentée, son objectif est d’aguerrir tous les niveaux pour consolider les capacités d’entraînement tactique de l’armée de Terre.

Tout droit sortis d’un ordinateur, des coups de feu retentissent. Une unité vient d’être virtuellement prise à partie par l’ennemi. Le combat est fictif mais les ordres et les comptes-rendus sont bien réels. À Versailles, le camp de Satory abrite le Groupement numérisation de l’espace de bataille - simulation (Simu-NEB). Créé en 2017, il développe les outils de la simulation du pôle C2 (commandement et coordination) au sein de la Section technique de l’armée de Terre (STAT). Qu’elle soit dédiée à la manœuvre tactique, au tir, au pilotage ou au combat, la simulation se décline en trois grandes catégories : constructive, virtuelle et instrumentée.

La première, avec le logiciel de simulation pour les opérations des unités interarmes et de la logistique terrestre (Soult), a un rôle d’animation pure dans lequel l’environnement, les hommes et les matériels sont simulés. Avec la seconde et le programme Spartacus, les unités s’entraînent dans un environnement et avec du matériel entièrement virtuels.

Enfin, la version instrumentée, avec ses simulateurs de tir de combat et ses centres d’entraînement représentatifs des espaces de bataille et de restitution des engagements (Cerbere), plonge les troupes, équipées de capteurs, sur un champ de bataille réel. Ces espaces fictifs redimensionnent le terrain de manœuvre opérationnel des forces terrestres.

Autonomie d’entraînement

Depuis 2015, Soult offre la possibilité d’entraîner et de contrôler les postes de commandement grâce à une simulation utilisant l’intelligence artificielle. Destiné aux états-majors des niveaux division, brigade et régiment, ce système est utilisé en centre d’entraînement et organismes de formation. Il a été expérimenté pour la première fois au sein des garnisons de la 27e brigade d’infanterie de montagne, en janvier dernier. L’objectif était de favoriser l’auto-entraînement de la brigade.
 

En octobre, la 9e brigade d’infanterie de marine emboîte le pas. L’état final recherché de cette expérimentation est de rendre autonome les différents niveaux de commandement dans la conduite des opérations simulées à long terme. La simulation virtuelle et le logiciel Spartacus s’imposent de leur côté, dans les espaces d’instruction collective NEB-Simu présents dans la quasi-totalité des unités.

Dans un environnement 3D réaliste, chacun, derrière son écran, conduit la manœuvre en appliquant les ordres reçus. « Pilotées par un maître de simulation, ces séances d’entraînement représentent un gain en temps et en logistique dans la préparation opérationnelle des unités », explique l’adjudant Julien du groupement Simu-NEB de la STAT.

« Outil d’analyse puissant »

En 2019, le Centre d’entraînement au combat en zone urbaine - 94e régiment d’infanterie se dote du nouveau système Cerbere. Cet outil de nouvelle génération simule, suit et analyse les engagements des forces dans des environnements urbains. Des capteurs lasers, installés sur les armes et les véhicules, permettent ainsi de restituer les scènes de combat avec un réalisme maximal. Par exemple, une simulation des effets de tir, associés à une interface homme-machine, détermine l’état du combattant (indemne/blessé/tué).

Pour immerger davantage les soldats et générer du stress, des dispositifs d’animation visuelle et sonore sont mis en place tels que les fumigènes, et prochainement l’effet des armes sur les bâtiments. Le système assure un suivi en temps réel de chaque soldat et événement. En ce sens, Cerbere assure une analyse après action détaillée, à l’aide des vidéos des combats ou d’enregistrements des échanges.
 

« C’est la plus-value de ce système dans les centres d’entraînement spécialisés : fournir aux instructeurs et spécialistes un outil d’analyse puissant », rapporte le commandant Jacques en charge du programme à la STAT. Le prochain rendez-vous majeur de la simulation sera en 2023. L’exercice Orion, fort de ses dix mille pions physiques et simulés, apportera une nouvelle dimension de préparation opérationnelle pour les forces terrestres.

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