La biodiversité dans les camps d'entraînement : bleu, blanc, vert

Le soldat est discret, il ne laisse aucune trace de son passage. L’environnement dans lequel il a évolué doit être restitué intact. Autrefois, c’était une stratégie militaire, aujourd’hui, c’est aussi une question d’impératif écologique.

Face aux changements climatiques, l’armée de Terre est engagée dans la gestion durable de ses espaces d’entraînement. Son action s’enracine dans la politique environnementale du ministère des Armées. Elle adapte ses pratiques pour assurer la préparation opérationnelle de ses soldats tout en protégeant la faune et la flore présente dans ses camps.

Le directeur du muséum national d’Histoire naturelle, Bruno David, partenaire écologique de l’armée de Terre, explique : « Les espaces d’entraînement sont de formidables vecteurs de biodiversité. Les militaires, en circulant, diffusent à l’extérieur les espèces protégées présentes dans les camps. Celles-ci peuvent s’implanter dans la région ».

Sur le camp de La Valbonne, un troupeau de cinquante brebis et ânes a débroussaillé les espaces protégés. La végétation et les animaux ont ainsi pu prospérer sans être dérangés par les activités du camp.

Écrevisse à pattes blanches

Cette initiative s’inscrit parmi les nombreux projets menés par l’armée de Terre : décarbonation d’une grotte au 2e régiment étranger d’infanterie pour faire revenir la faune cavicole, création d’un plan d’eau au camp de Caylus pour lutter contre les incendies et protéger les animaux, lutte contre les chenilles processionnaires qui menacent l’environnement et les entraînements, notamment dans le camp de Fontevraud : ces petits insectes provoquent de graves réactions allergiques, rendant par exemple les parcours d’obstacles inutilisables.

Nuisibles pour les arbres qu’ils occupent, ils entraînent souvent leur abattage. Autre exemple : au 1er régiment de hussards parachutistes, de nouveaux obstacles sont en cours de création sur le “module mangrove ”.

Mais avant cela, une étude a été réalisée pour vérifier que la faune et la flore présente seraient respectées. Il fallait notamment vérifier qu’il n’y avait pas d’interférences avec un potentiel site d’écrevisse à pattes blanches (bioindicateur d’une eau pure). Les retours de la direction départementale des territoires des Hautes Pyrénées et de l’Office français de la biodiversité Occitanie ont été pris en compte par le régiment.

Tourbières et prairies

Pour la guider et l’aider à prioriser les zones à préserver, l’armée de Terre fait appel à des partenaires expérimentés : l’Office national des forêts ou le Conservatoire des espaces naturels délivrent des recommandations sur la gestion des tourbières et prairies. « Ces experts réalisent des plans de gestion sur dix à quinze ans, incluant protection de la biodiversité et ambitions opérationnelles des camps » explique Anne-Sophie, chargée d’études environnementales à l’état-major de l’armée de Terre (EMAT).

« Depuis quelques années, l’armée de Terre porte l’effort sur la création de postes militaires et civils comme les “chargés de préparation opérationnelle biodiversité” ou les “référents biodiversité”. » La cellule “environnement-biodiversité” de l’EMAT a d’autre part organisé des stages de ”Sensibilisation à la biodiversité" dans les camps de manœuvre” entre 2020 et 2021 : environ cent personnes ont été formées. Des pratiques destinées à se développer.