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Expédition hommage en Guyane

Texte : Clémentine HOTTEKIET-BEAUCOURT

Publié le : 24/01/2024. | pictogramme timer Temps de lecture : 5 minutes

Pendant un mois, 4 sous-lieutenants de l’Académie militaire de St-Cyr Coëtquidan ont traversé la Guyane d’Est en Ouest jusqu’au Brésil pour rendre hommage à Raymond Maufrais. Ce jeune explorateur a perdu la vie dans cette forêt équatoriale, en 1950. En marchant sur ses pas, ils se sont découverts au cours d’une expédition menée en autonomie.

Dix mois pour relier la Guyane au fleuve Amazone. C’est le pari fou de Raymond Maufrais, en 1949. Âgé de 23 ans, aventurier dans l’âme, il espère approcher des tribus inconnues. Il perd la vie, au cours de son périple, en janvier 1950.

En mémoire de celui qui voulut défier seul la jungle, 4 sous-lieutenants de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, Esteban, Jean-Dieudonné, Augustin et Victor, ont marché sur les pas de ce héros téméraire, en septembre dernier. Accompagnés par 3 membres du commando de recherche et d’action en jungle du 9e régiment d’infanterie de Marine (9e RIMa) et d’un médecin, ils ont traversé pendant 21 jours la Guyane.

Au total, 600 km depuis Cayenne jusqu’aux frontières brésiliennes, dont plus de 17 jours en complète autonomie avec des sacs à plus de 40 kg, le raid Maufrais est l’une des expéditions les plus ambitieuses de ces quarante dernières années en Guyane. Une épreuve d’humilité et de détermination.

Dernier territoire sauvage

Le sous-lieutenant Esteban est à l’origine de l’opération. Si, avec ses camarades, il a choisi de marcher sur les pas de Maufrais, c’est parce que tous s’identifient à ce jeune explorateur qui a rejoint le Brésil en 1949, sans argent et sans connaître quiconque.

« Raymond Maufrais nous ressemble. Il avait le goût de l’aventure et a été au bout de ses convictions. » Si le défi est difficile, la réalité l’est encore plus. « Nous avons dû nous dépasser, revoir le plan car nous avons rencontré beaucoup d’obstacles : nous avons marché près de 55 kilomètres au lieu de 20 car la pirogue ne pouvait pas avancer dans les cours d’eau, bloquée par de nombreux troncs. Il a fallu qu’on s’organise, qu’on se surpasse. »

Ce voyage, c’est un appel à la jeunesse : se confronter à la difficulté c’est grandir, il faut oser rêver grand. La forêt guyanaise, c’est l’expérience de l’humilité. Il s’agit de l’un des derniers territoires sauvages au monde.

« On a de la chance en France d’avoir une région préservée, où on peut se confronter à la difficulté. En tant que futurs chefs, nous avons pris confiance en nous. Il faut nous ramener à ce qu’on est, des hommes en pleine nature. Cela participe à notre formation d’officier et d’homme. »

Renouer avec ʺles profondesʺ

Pour Esteban, c’est la formation reçue à St-Cyr pendant leurs deux premières années de scolarité qui a mené au succès de ce projet. « Nous nous sommes perfectionnés. Le 9e RIMa nous a appris beaucoup grâce à ses instructeurs de grande qualité. »

Évoluer dans ce milieu rude n’est pas aisé, il faut être rigoureux. Chaque erreur est fatale. « Il faut toujours vérifier son matériel, les arbres auxquels on accroche nos hamacs pour la nuit, ne pas oublier de prendre soin de soi pour éviter les brûlures causées par des gestes répétitifs. La rigueur, c’est aussi respecter l’ensemble du groupe qui se donne tous les jours pour le succès de la mission. »

Au-delà de son caractère mémoriel, l’expédition Maufrais a été l’occasion pour le 9e RIMa de renouer avec un type de mission qui ne se pratique plus depuis plusieurs années : ʺles profondesʺ, c’est-à-dire les missions de longue durée en autonomie et en itinérance dans la jungle.

Le détachement a testé du nouveau matériel comme des drones ou des bateaux Packraft qui pourraient être utilisés ensuite lors de l’opération Harpie et aussi pour améliorer les conditions opérationnelles lors de missions en forêt guyanaise. Cet espace quasi mythique qui n’en finit pas de faire rêver, génération après génération.

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