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Du nouveau dans la géographie militaire avec le bathydrone

Texte : CNE Justine DE RIBET

Publié le : 13/09/2024. | pictogramme timer Temps de lecture : 5 minutes

Le 28e groupe géographique fournit l’appui cartographique et topographique des forces déployées en opérations extérieures et sur le territoire national. Pour maintenir son niveau d’expertise, le renouvellement des matériels de l’unité est indispensable. En s’appuyant sur les idées créatives des entreprises, la cellule innovation du régiment élabore des solutions qui répondent à ses besoins présents et futurs. Exemple avec le bathydrone.

Garder un temps d’avance dans la recherche de solutions pour améliorer les capacités du régiment, telle est la mission de la cellule innovation et veille technologique du 28e groupe géographique (28e GG). En quête permanente de renseignement géographique, ce dernier réalise des travaux cartographiques et produit des documents, au profit des troupes sur le terrain. 

« Nous n’avons pas besoin de réinventer mais d’adapter la technologie et le matériel à notre environnement et à notre mission », explique le commandant David, chef de la cellule. Pour ce faire, le lien avec les petites et moyennes entreprises (PME) est indispensable. « Les compétences et l’expertise de notre unité ressemblent à ce qui se fait dans le civil », complète-t-il

Inventé par une PME en 2021, le bathydrone est l’une des innovations qui a vu le jour grâce à la cellule. Ce drone flottant permet d’effectuer des relevés bathymétriques. Sa plus-value : limiter l’empreinte humaine et améliorer la précision des résultats notamment lors d’une manœuvre de franchissement conduite par les unités du génie.

Seuls 2 individus sont nécessaires pour le mettre à l’eau et un pour le manœuvrer, puisqu’il est télécommandé. « Le gain de temps est considérable : la mission est remplie en 4 heures au lieu d’une journée », souligne le commandant. Plusieurs étapes permettent d’arriver à ce résultat.

Échanges avec les industriels

La cellule innovation du 28e GG commence par identifier un besoin. Dès lors, une veille technologique est mise en place afin de cibler les PME susceptibles d’y répondre. Après une mise en concurrence, l’entreprise choisie vient effectuer une démonstration avec un premier prototype. Si un problème est identifié, elle tente de trouver une solution avec le régiment.

Pour le bathydrone, des signes de fatigue sur la coque et un manque de robustesse avaient été détectés, après quelques utilisations. Après des échanges avec l’industriel, ce dernier a renforcé l’armature d’un caoutchouc épais résistant à des obstacles tels que des souches ou des rochers.

La PME a aussi amélioré la protection de la propulsion des hélices adaptée aux régions hostiles. « L’avantage de travailler en direct avec les entreprises est de bénéficier de leur expertise technique. De notre côté, nous maîtrisons la notion de discrétion, de conditions sur le terrain ou de sécurisation des données », affirme le commandant David.

Durant ce processus, le 28e GG peut compter sur le soutien de la Section technique de l’armée de Terre et du Battle Lab Terre. « Le travail commun des 3 entités permet de valider l’intérêt opérationnel du drone. Aujourd’hui, le processus de programme d’armement des Armées peine à répondre aux besoins du 28e GG. Notre domaine est spécifique, nous avons besoin de 4 ou 5 drones et l’entreprise spécialisée peut produire en petites quantités. »

Beaucoup de projets ont vu le jour

Le bathydrone a fait ses preuves, notamment sur l’exercice Orion 23 avec le 17e régiment de génie parachutiste, pour mesurer l’ensablement et l’identification d’objets immergés avant le franchissement d’une compagnie. « Nous pouvons les déceler sans déterminer leur nature. Sur l’écran, ils sont représentés par un pic qui permet d’orienter les plongeurs, assure le commandant David. La précision est de vingt centimètres. »

Le drone flottant a également été déployé lors de missions avec le service d’incendie et de secours du Bas-Rhin dans le suivi des réserves d’eau pour confirmer la pose d’un hydravion. « Nous souhaitons qu’à court terme aucune opération ne se fasse sans le bathydrone », conclut l’officier. Chaque année, de nombreuses idées surgissent, mais généralement une seule aboutit. 

Beaucoup de projets ont cependant vu le jour, comme par exemple, l’eBeex, un drone qui crée des modèles 3D de terrain, avec précision et en très peu de temps. Le 28e GG utilise déjà ce matériel en Roumanie, pour la mission Aigle et dans les emprises militaires. Il garde en tête un objectif précis : apporter des informations pertinentes sur un environnement pour aider à la préparation des missions des unités déployées. 

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