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Disparition du dernier cadet de Saumur

Texte : LTN Julien BIDAULT

Publié le : 13/12/2023 - Mis à jour le : 24/01/2024. | pictogramme timer Temps de lecture : 8 minutes

Dernier des « cadets de Saumur », le chef d’escadron Yves Raynaud est mort le 29 août 2023, à l’âge de 104 ans. L’officier a participé aux combats de Saumur, pendant lequels 2 500 soldats français dont 800 jeunes officiers de réserve se sont battus contre des troupes allemandes supérieures en nombre, alors même que le gouvernement français rendait les armes.

« Il était, pour ceux qui ont eu la chance de l’approcher, un combattant et un homme humble, de bon sens, d’une grande sagesse, une personne marquante pour ce qu’il représentait mais surtout pour l’homme qu’il était. » C’est par ces mots que le général Santoni, père de l’arme du train, a rendu hommage au chef d’escadrons (H) Yves Raynaud, le dernier des ʺcadets de Saumurʺ qui s’est éteint le 29 août 2023. Yves Raynaud est né le 6 août 1919 dans l’Aude.

Pour son service militaire, il est détaché le 4 mai 1940 à l’École militaire et d’application de la cavalerie et du train de Saumur, comme élève aspirant de réserve. Dès son arrivée à l’école le lendemain, il rejoint la compagnie école du train. Il participe à la défense du pont de Gennes du 19 au 21 juin. Pendant ces 2 jours, les "cadets de Saumur", surnom donné par le général Kurt Feld commandant la division allemande, opposent aux troupes du Reich, une résistance héroïque.

Les 800 jeunes élèves réservistes sont rejoints par 2 000 hommes (tirailleurs algériens, EAR de Saint-Maixent, sapeurs du 6e régiment du génie, militaires d’un escadron de reconnaissance et cavaliers du 19e régiment de dragons). Ces 2 500 soldats français, avec 24 blindés, combattent entre Montsoreau et Gennes.

Tenir une ligne de 40 kilomètres

Le 10 mai 1940, l’armée allemande lance son offensive à travers la Belgique et les Pays-Bas. Après la défaite des Alliés à Dunkerque, l’ennemi fait mouvement vers l’ouest et le sud. Les Français se replient derrière la Loire le 17 juin, le jour où le maréchal Pétain ouvre des pourparlers en vue d’aboutir à un armistice et appelle à cesser le combat.

Le colonel Michon, commandant l’École militaire et d’application de la cavalerie et du train de Saumur, choisit de combattre pour l’honneur. Les 2 190 Français dont 786 élèves, doivent tenir une ligne de 40 kilomètres allant de Candes-Saint-Martin au Thoureil comprenant 4 points de franchissement que sont les 2ponts suspendus de Gennes, les deux ponts successifs Napoléon et Cessart, le viaduc du chemin de fer et le pont de Montsoreau.

Dans la journée du 18 juin, les élèves préparent la défense. Des pièces d’artillerie sont mises en batterie, des emplacements d’armes automatiques et des nids de mitrailleuses sont aménagés le long de la rive et la dynamite est installée sur les ponts. Dans le secteur entre Gennes et le Thoureil, la défense est assurée par la compagnie du lieutenant Roimarmier, dont le poste de commandement se trouve à la Villa Beau-Rivage ou Monte-Bello, composée des brigades n°28 (dont fait partie l’EAR Yves Raynaud), 32, 33 et 34 respectivement commandées par les lieutenants Chomat, Dutant, Mauré et Lofficier.

Dernier bastion de la défense française

Les premiers éléments ennemis, des motocyclistes, arrivent au pont Napoléon vers minuit. Les Français font alors sauter une partie des ponts et les premiers combats cessent vers 5h du matin le 19 juin. Les Allemands, qui tentent de franchir le fleuve avec des barques, sont repoussés. Le 21 juin, l’offensive générale allemande est lancée. Ils réussissent à prendre pied sur la rive et débordent le dispositif français dont les défenseurs sont épuisés et tenus par la faim.

Malgré 2 contre-attaques, les Français sont progressivement isolés et les derniers nids de résistance tombent. On combat encore à la ferme d’Aunis, dernier bastion de la défense française, lorsqu’à 19h30 l’ordre de repli général est donné. Pour les combats des 19, 20 et 21 juin 1940, l’École militaire et d’application de la cavalerie et du train est citée à l’ordre de l’Armée, au prix de nombreux blessés et de 39 morts.

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