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Devenir télé-pilote de drone

Texte : ADC Anthony THOMAS-TROPHIME

Publié le : 29/01/2024. | pictogramme timer Temps de lecture : 8 minutes

L’utilisation des drones s’est démocratisée et ne concerne plus seulement le renseignement. Pour renforcer la formation et garantir la sécurité aéronautique, une école des drones a été inaugurée en octobre dernier. Recouvrant l’ensemble des capacités drones mises en service, l’instruction est ouverte aux militaires de tous grades et s’exporte vers d’autres ministères.

« À l'échelle européenne, l'armée de Terre française est la première dans l'emploi des drones » assure le colonel Jean-Louis Bourgeois, chef de corps de l’école des drones (EDD) en juillet dernier. Pour lui, l'enjeu est clair : la formation de télé-pilotes autonomes et performants. Déjà en 2018, l'armée de Terre équipait massivement ses unités de nano-drones et micro-drones.

L'encadrement était confié au Centre de formation drones du 61e régiment d'artillerie. Les technologies évoluant, la trame Terre a été étoffée au fil des ans, aboutissant à la concrétisation de l'école, située à Chaumont-Semoutiers (Haute-Marne). Au total, 47 formations techniques et tactiques y sont dispensées, dans les centres de formation délégués, avec les référents instructeurs dans les unités et les partenaires extérieurs.

Une semaine complète est nécessaire pour les formations sur les micro-drones et mini-drones, 5 semaines pour le stage télé-pilote SMDR. Il faut compter 2 années pour piloter les drones tactiques Patroller. L'école rejoindra la future 19e brigade d'artillerie, créée à Lyon, à l'été 2024.

« Ces matériels ne sont plus réservés au renseignement. Du groupe de combat d’infanterie, de génie ou d’un peloton de cavalerie, toutes les fonctions opérationnelles s’approprient cette capacité afin de l’employer pour leurs propres besoins », explique le colonel.

Savoir piloter un drone ne suffit pas

Forte de sa renommée, l’École des drones interarmes est sollicitée par d’autres entités du ministère des Armées et des organismes interministériels. L’établissement accueille des militaires de tous rangs, allant du grade de soldat à celui de commandant.

« Sur un stage de type télé-pilote micro-drone, les opérateurs d'un groupe de combat suivent la même formation que l'officier venu comprendre le fonctionnement de ce système pour mieux l’intégrer dans ses futures missions. »

Avant de rejoindre une formation, tous réalisent un test psychotechnique sur un simulateur. Le but : écarter ceux qui n’ont pas les aptitudes cognitives requises pour préserver le matériel. Mais savoir piloter un drone ne suffit pas. Chaque formation comprend des modules indissociables dans lesquels le stagiaire apprend à maîtriser à la fois le milieu aéronautique avec sa réglementation et à s’intégrer dans un environnement interarmes.

Dans ce module, il doit évoluer dans une bulle aéroterrestre, comprenant les avions, les hélicoptères ou d’autres drones et les tirs d’artillerie… Il y découvre les savoir-faire tactique et techniques pour aborder un objectif ou utiliser le soleil pour camoufler son drone et ne pas dévoiler la position de son unité.

Un avenir prometteur

Pour coller au plus près de la réalité, l’EDD a enrichi sa formation micro-drone par un vol avec l’équipement de combat sur l’homme. « Utiliser un drone pour le loisir est plus facile que lorsqu'on est amené à porter une arme, les transmissions, le sac à dos, le gilet pare-balles et le casque. »

Ressources humaines, maintenance, services aérodromes… L’école des drones bénéficie des fonctions mutualisées avec le 61e RA contribuant ainsi à une synergie entre les deux entités. Du côté des instructeurs, la majorité provient du régiment. À terme, les postes seront occupés par toutes les armes de l’armée de Terre. Pour renforcer son caractère interarmes, l’EDD recrute des formateurs issus de différentes armesChaque fonction opérationnelle peut se reconnaître dans cette école. »

L'établissement voit déjà grand, avec le renforcement des formations sur le drone tactique Patroller et sur les rockets guidées en 2025. Compte-tenu des avancées technologiques et de l’emploi croissant de ces nouveaux systèmes dans les conflits actuels, l’EDD semble avoir un avenir prometteur. « Quoi qu’il en soit, elle saura s'adapter au gré des évolutions de la trame drone de l'armée de Terre », conclut son chef de corps.

Le saviez-vous ?

Les drones militaires se différencient par un niveau de technologie accrue passant par une endurance, une allonge et une rusticité plus importante.

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