Partager l'article

Contrer la menace aérienne

Texte : LTN Fanny PARRE

Publié le : 23/02/2024. | pictogramme timer Temps de lecture : 10 minutes

Pour l’armée de Terre, la défense sol-air est une capacité prioritaire pour préserver la liberté de manœuvre et les centres d’intérêts stratégiques. 300 militaires ont été engagés fin 2023 sur l’unique exercice de ce domaine. Cet entraînement annuel a été conduit par le 54e régiment d’artillerie.

Il est 18 heures dans le Haut-Var. Une rame tactique composée d’une vingtaine de poids-lourds emprunte un chemin accidenté, éloigné de toute civilisation. Le poste de commandement régimentaire (PCR) du 54e régiment d’artillerie (54e RA) s’apprête à se déployer sur une position camouflée en lisière de forêt et reconnue quelques heures plus tôt. L’exercice Aegis est le seul consacré entièrement à la défense sol-air de l’armée de Terre. 

Pendant 2 semaines, les unités s’entraînent à protéger les centres de commandement et de logistique de la division face à une menace aérienne ennemie. Une capacité majeure pour les forces armées qui permet de contenir et d’empêcher la supériorité adverse par les airs. Le président de la République la définit comme un domaine « à forte valeur ajoutée opérationnelle », en soulignant la nécessité de la renforcer. 

Mobilisant des acteurs multiples de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE) et de l’armée de Terre, elle requiert une coordination fine pour frapper vite. C’est bien le but d’Aegis : mécaniser les procédures à chaque échelon. « À partir du moment où une menace aérienne est détectée, tout se joue en une fraction de seconde, explique le lieutenant-colonel à la tête du PCR. L’installation du poste de commandement doit se faire rapidement car il est une cible privilégiée par l’ennemi. »

Une attaque est imminente

Le rôle du PCR est central : après avoir reçu le renseignement de l’AAE détenant la vision globale de l’environnement, il est chargé de transmettre les ordres de tir aux pièces Mistral installées sur le terrain. Sur le plateau de Valensole, 3 batteries se déploient, soit près de 70 engins. Elles sont en mouvement sur un terrain accidenté. Avant la tombée de la nuit, elles doivent occuper des positions idéales pour accomplir leur mission. 

Un champ de tir dégagé et une position camouflée sont des critères importants. Toute la difficulté de la tâche réside dans l’obtention d’une bonne qualité de liaison radio avec le véhicule radar NC1, intermédiaire entre le CMD3D et les pièces Mistral.

Il est 20 h 30, le CO a terminé son battle update brief. Le groupement tactique d’artillerie sol-air est opérationnel en zone d’insécurité. En 2027, l’objectif des forces terrestres est d’engager une division avec son groupement tactique d’artillerie sol-air. Dehors, le brigadier-chef Aikau, télé-pilote de drone, a déjà décelé et mis en échec une tentative d’intrusion sur la position du PCR. 

La section de défense rapprochée du PC veille toute la nuit pour assurer la sûreté immédiate et éloignée de la position. Soudain, à 6 h 17, un avis de raid aérien tombe. Un aéronef hostile, un hélicoptère Tigre, entre dans le domaine de responsabilité du groupement. Son attaque est imminente. Immédiatement, le CMD3D désigne le NC1 en charge de la destruction de la menace. 

À tous les niveaux de la chaîne, la tension est palpable jusqu’à la réception du message : « Engagez ». Tout repose à présent sur le chef de pièce et son équipage. Ce dernier donne l’ordre de feu. Peu après, le message attendu de tous arrive : « Cible détruite ». L’hélicoptère Tigre vient d’être virtuellement abattu. La séquence a duré moins de dix secondes. Il s’agit du sixième engagement du groupement tactique de défense sol-air en 24 heures. L’alerte est levée mais la vigilance des artilleurs sol-air reste de mise.

À lire aussi

Ce lien privilégié et officiel, permet à la Nation d’exprimer sa reconnaissance aux militaires engagés.

Tim vous explique

Le service national, instauré en 1798, a connu une succession d’évolutions jusqu'à sa suspension en 1996.

Histoire