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Campagne de désobusage : droit obus !

Texte : ADJ Anthony THOMAS-TROPHIME

Publié le : 12/10/2022.

Du 1er au 19 août, une campagne de désobusage a été réalisée au camp de Canjuers. Initiée par le 1er régiment de chasseurs d’Afrique, cette opération indispensable se déroule tous les ans. Chaque réceptacle de tir est traité tous les quatre ans.

Les yeux rivés au sol, le groupement de désobusage, composé de 80 sapeurs du 31e régiment du génie progresse dans le réceptacle de tirs n°2 du camp de Canjuers. Sur un rang, chacun avance en scrutant la moindre parcelle de terre. Soudain, l’un d’eux lève la main. « Artificier ! » À ses pieds, un objet en métal à moitié enterré. Il est aussitôt rejoint par l’expert du groupement munition (GMU) de Canjuers. Après examen visuel, il finit par creuser autour de la pièce avec son piolet pour extraire un morceau d’obus de 105 mm. « C’est bon, tu peux le mettre avec les autres ».

Du 1er au 19 août, la 1re compagnie du 31e RG participe à la campagne de désobusage. Cette opération contribue à la préservation de l’environnement et à limiter les facteurs aggravants en cas d’incendie. Chaque année, le 1er régiment de chasseurs d’Afrique (1er RCA) demande au Commandement de l’entraînement et des écoles du combat interarmes (COM E2CIA), l’affectation d’une compagnie pour réaliser cette tâche estivale.

Le camp  de Canjuers possède quatre réceptacles de tirs. Ils sont interdits d’accès, sauf durant les campagnes de désobusage. Celles-ci sont organisées en cycle pour varier les secteurs : un réceptacle est ainsi traité tous les quatre ans.

« Toucher avec les yeux »

« Depuis 2018, plus de 8 000 obus et missiles confondus ont été tirés sur le réceptacle numéro 2, précise le capitaine Christophe, chef du bureau tir du 1er RCA. Un obus de 155 mm pèse 43 kg. Après un tir, il reste 30 kg de matière au sol. Si cette opération paraît ingrate, elle n’en reste pas moins nécessaire pour préserver le camp et éviter les accidents. »

Ratisser un réceptacle de tirs n’est pas sans danger. Pour cela, les sapeurs du 31e RG sont renforcés par une équipe d’artificiers du GMU de Canjuers. Ces experts en pyrotechnie s’assurent que les objets détectés sont inoffensifs avant qu’ils ne soient ramassés.

« Au préalable, nous les avons sensibilisés aux risques liés à cette activité. Un obus non explosé, une fusée avec son détonateur ou des déchets avec de la matière active restent dangereux », explique l’adjudant-chef Sabrina, chef de la cellule des études de sécurité pyrotechnique au GMU et directrice de mise en œuvre (DMOE) sur l’opération. « Les ratisseurs doivent faire appel aux artificiers avant toute manipulation. Ici on touche avec les yeux. »

Le détachement a pour objectif de dépolluer une zone comprise entre 8 000 à 10 000 m2 en l’espace de trois semaines. Chaque jour, l’adjudant-chef Sabrina se rend au PC tir pour connaître le secteur privilégié dans lequel le groupement va opérer. « Nos efforts se portent en priorité aux endroits où les tirs sont les plus concentrés, notamment proches des cibles comme les carcasses de blindés ou au centre du réceptacle. » Aussi simple soit ce type de manœuvre, elle demande une attention et une vigilance accrue pour les sapeurs.

« Renforcer la cohésion »

Répartis sur une rangée couvrant jusqu’à 200 mètres de largeur, ils peuvent parcourir plus de 8 km par jour. Les déchets sont jetés dans les godets des deux engins du génie rapide de protection qui les suivent en permanence à l’arrière du dispositif. Une fois remplis, ils déversent leur contenu dans un camion benne. Après un dernier contrôle du DMOE, les matières non actives sont ensuite acheminées pour être recyclées

Les artificiers procèdent à la destruction des engins dangereux qui représentent toujours un risque : dans des fourneaux pour ceux qui étaient déplaçables et sur place pour ceux non déplaçables qui ont été balisés.

Pour cela, ils devront attendre le mois de septembre pour éviter tout risque d’incendie en raison des périodes de canicule. La chaleur impose au détachement de travailler entre 6 heures du matin et 14 heures. « Le reste du temps est consacré au repos mais aussi à des phases d’instruction, ponctuées de séances de sport. Cette campagne de désobusage nous donne l’avantage de renforcer la cohésion au sein de l’unité », ajoute le lieutenant Clément, chef de la 1re section.

Le saviez-vous ?

Les campagnes de désobusage sur le camp de Canjuers ont débuté en 1970. Avec une superficie de 35 000 ha, il est le plus grand d’Europe. Il accueille plus de 55 000 militaires en préparation opérationnelle par an.

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