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Au centre du renseignement Terre : percer le brouillard de la guerre

Texte : CNE Anne-Claire PÉRÉDO

Publié le : 12/07/2022 - Mis à jour le : 13/05/2023.

Au centre du renseignement Terre, on recueille et on analyse des données sensibles : connaissance de l’adversaire, du milieu d’engagement…De ce travail, mené en France ou en opération, découle du renseignement tactique diffusé ensuite aux chefs interarmes et aux unités. Cet accès à une information sûre et vérifiée, permet à chacun de se préparer
à son niveau, au combat de demain.

Au centre du renseignement Terre (CRT), discret ne rime pas avec secret. « Tout renseignement répond à un besoin. Au centre, il est trié et adapté pour que chacun en dispose au bon niveau, au bon moment, explique le colonel Rémy Songeur, chef de corps du CRT. Le but est bien de le rendre accessible plus facilement. Notre vocation est d’appuyer toute l’armée de Terre. »

L’organisme, créé en 2016 à Strasbourg et placé sous l’autorité du commandement du renseignement des forces terrestres (ComRens), rassemble près de 180 spécialistes de l’exploitation du renseignement. La création du centre a doté l’armée de Terre d’une capacité d’analyse tactique et d’expertise de l’exploitation qui lui est propre. Plus encore, elle offre à toutes les unités la possibilité d’accéder à une information fiable et actualisée.

Une aubaine pour les unités d’alerte ou en phase de préparation opérationnelle avant projection. Tous les “S2” (appellation Otan pour désigner les cellules de renseignement du niveau régimentaire) des régiments – parfois les individuels - bénéficient ainsi d’un entretien personnalisé avant d’être engagés en opération. Un service sur mesure qui leur apporte une connaissance fine de l’adversaire et du milieu dans lequel ils seront engagés.

Sources ouvertes

Les analyses produites ne sont pas seulement destinées aux unités en partance en opération. Les exploitants sont fréquemment contactés par les états-majors et les régiments. Des requêtes auxquelles ils prennent le temps de répondre en profondeur. L’augmentation des demandes a même imposé la mise en place d’outils de gestion pour en assurer le suivi.

Le centre est capable de répondre à toutes les interrogations concernant les théâtres sur lesquels l’armée de Terre intervient ou pourrait intervenir. Grâce à ses analystes, ses géographes, ses experts en imagerie et les différents centres capteurs du ComRens, le CRT renseigne sur la menace. L’invasion russe en Ukraine de février dernier a confirmé la compétence de ses spécialistes.

« La Russie était déjà "observée". On suivait l’évolution de son matériel et de ses modes opératoires. On travaille à partir de sources ouvertes et d’autres provenant de capteurs déployés. Quand le pays a envahi son voisin, le CRT était prêt », relate la commandant Christelle, chef de la cellule "monde" en charge de ce dossier. Depuis, le centre est mandaté au quotidien par les plus hautes autorités comme le chef d’état-major de l’armée de Terre et officie, par ailleurs, en appui de la Direction du renseignement militaire avec laquelle il est intimement lié.

Le saviez-vous ?

La division ʺExploitationʺ du centre se compose de 4 cellules d’analyse : monde, transverse, proche et moyen Orient et Afrique, mais aussi de capacités de recherche, en particulier cyber, et d’orientation des capteurs. Les analystes suivent l’évolution de ces zones géographiques sur le plan sécuritaire, militaire et tactique.

Prédire et déterminer

Pour répondre à cette sollicitation, la cellule s’est mise en ordre de bataille. Elle s’est organisée pour être active et suivre la situation sept jours sur sept. Un travail en conduite qui impose un rythme presque similaire à celui d’une Opex. Si la commandant Christelle et son équipe appuient les forces depuis la France, d’autres personnels du CRT sont déployés sur les théâtres.

Au poste de commandement interarmées de l’opération Barkhane à N’Djamena, onze exploitants s’auto-relèvent tous les six mois. Ils forment une équipe de complément opérationnel projetable (ECOP). Le commandant Sébastien de retour du Tchad, était à la tête d’une ECOP. « Notre travail sur place est prédictif. Il doit permettre de déterminer ce qui va se passer ou pas. Grâce à nos données, le chef doit pouvoir conduire une action en toute connaissance de cause. » Comme en France, la porte de son bureau n’est jamais fermée pour répondre aux questions des unités, dans la mesure de ce qui peut être divulgué.

Le saviez-vous ?

Il est possible de mener carrière dans le renseignement. La filière exploitation (XPL) offre un parcours de carrière complet dès l’engagement ou en cours de carrière pour les officiers et les sous-officiers. Les militaires du rang peuvent également rejoindre le métier dès l’obtention du certificat de qualification technique (CQT). Un CQTS XPL a été créé à l’ERAT permettant aussi de dérouler une carrière. Outre une affectation au CRT, les exploitants peuvent servir dans les B2 d’état-major, dans les unités du ComRens, à la Direction du renseignement militaire et parfois même dans les services spéciaux. Pour les volontaires, une journée d’information sera organisée en septembre prochain.

Pour plus de renseignements : crt.recrutement.fct@intradef.gouv.fr

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