Partager l'article

Analyser et exploiter le renseignement

Texte : Benjamin TILY

Publié le : 14/11/2024. | pictogramme timer Temps de lecture : 5 minutes

Les soldats du 13e régiment de dragons parachutistes sont présents sur les théâtres d’opération du monde entier. Ils assurent la recherche, l’exploitation et la diffusion du renseignement. Parmi ses spécialistes, se trouvent ceux du 7e escadron qui analysent les informations captées par les équipes de recherche. Crucial, leur travail oriente directement les décisions des chefs sur le terrain.

Dans un camp près de Bordeaux, une ambiance confidentielle flotte entre les murs du 13e régiment de dragons parachutistes (13e RDP). Cette unité des forces spéciales a pour mission la recherche et l’exploitation du renseignement sur les théâtres d’opérations. Si le rôle des équipiers de recherche est connu, certains, moins visibles, occupent des fonctions capitales. 

Appartenant au 7e escadron, ces spécialistes traitent et analysent en profondeur les centaines d’informations brutes qui leur sont transmises en direct ou en différé. Leur analyse permet de fournir des recommandations aux décideurs tactiques. Leur devise, « comprendre et expliquer », illustre parfaitement leur mission. « La partie exploitation fait partie de l’ADN du 13e RDP », affirme le lieutenant-colonel Alexis, chef du bureau opérations instruction. 

« Sans elle, l’information ne serait pas valorisée et deviendrait caduque. » Le travail de ces soldats intervient sur trois des quatre phases du cycle du renseignement, à savoir le traitement et la diffusion de données, mais aussi l’orientation de la recherche réalisée par les capteurs. Ils sont indispensables pour faire le lien entre les escadrons de recherche et le niveau stratégique.

«Cibler un chef ennemi »

Si chaque information peut présenter un intérêt, il faut savoir prioriser. Avec la quantité d’éléments dont ils disposent, les analystes produisent des synthèses permettant aux chefs de disposer d’une appréciation de situation pour prendre des décisions. Sur le terrain, ils sont au plus près des opérations pour orienter les équipes de recherche dans leurs manœuvres. 

Pour cette raison, l’escadron est l’un des plus engagés de l’armée de Terre : durant les trois premières années, ces soldats sont en mission six mois sur douze en moyenne. Ils peuvent être envoyés seuls ou en groupe pour renforcer des équipes provenant parfois d’autres unités spécialisées. Ils opèrent depuis des bureaux avec des serveurs performants dans les grandes task forces ou encore à l’arrière d’un 4x4 avec de simples ordinateurs portables.

Ici, la routine n’existe pas tant la matière étudiée est variée. « Je peux passer de l’exploitation de données récupérées sur les supports numériques d’un prisonnier pour cibler un chef ennemi, à l’étude de prises de vue de matériels adverses nouveaux dans la zone d’opérations », raconte le sergent Lilian, soldat du“7” depuis six ans. Pour garantir leur efficacité, des exercices et des formations ponctuent leur quotidien une fois rentrés en France.

La progression est rapide

Rejoindre le 7e escadron n’est pas à la portée de tous. Les candidats doivent avoir une
appétence pour l’informatique et posséder en parallèle les qualités requises pour intégrer les forces spéciales. « Nous recrutons en permanence des personnels issus du monde civil, ou des militaires venant surtout du domaine de l’exploitation, ouverts d’esprit, complets, résilients et capables de s’engager pleinement. À nous ensuite de les faire grandir », témoigne le capitaine Paul, commandant de l’escadron. Chacun passe par une phase de discernement de quelques jours pour déterminer son aptitude à rejoindre l’équipe. 

L’enjeu ? En faire des soldats en mesure de travailler avec les autres unités des forces spéciales, capables d’analyser des informations des différentes sources. « L’une des particularités de notre métier réside dans la confiance et l’autonomie que nos chefs nous octroient, quel que soit notre grade », souligne le sergent Lilian. La progression est rapide. Le soldat intègre un cursus qui lui permet d’évoluer du poste de traitant à celui d’analyste, puis après plusieurs opérations extérieures au poste de chef de centre de traitement et de diffusion du renseignement (CTDR), composé d’une dizaine de personnes. 

Les premiers saisissent les informations dans une base de données, véritable mémoire du théâtre d’opérations. À leurs côtés, l’analyste utilise les résultats pour expliquer la situation, proposer des cibles et des options. Au sommet de cette chaîne, le chef CTDR coordonne l’ensemble actions/recherches et fait le lien avec l’échelon supérieur. Ces trois fonctions sont essentielles et complémentaires. De quoi répondre aux attentes de ceux qui, par leur engagement, souhaitent mettre l’information au service de l’action.

À lire aussi

Ce lien privilégié et officiel, permet à la Nation d’exprimer sa reconnaissance aux militaires engagés.

Tim vous explique

Le service national, instauré en 1798, a connu une succession d’évolutions jusqu'à sa suspension en 1996.

Histoire